dimanche 10 janvier 2016

LE DESIGN

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L’objet est constitué par une série de containers modulés en forme de quartiers disposés circulairement autour d’un axe central sur lequel chaque quartier appuie par son arête rectiligne, tandis que toutes les arêtes courbes tournées vers l’extérieur proposent comme forme globale une sorte de sphère.

L’ensemble de ces quartiers est recueilli dans un emballage très caractérisé tant sur le plan de la matière que sur celui de la couleur, assez dur sur la surface extérieure et revêtu d’un rembourrage souple intérieurement qui sert de protection entre l’extérieur et l’ensemble des containers. Le matériau est partout de même nature mais se différencie  opportunément au niveau de la fonction. Chaque container est à son tour constitué par une pellicule plastique nécessaire pour contenir le jus et facilement détachable de l’ensemble. Chaque quartier est maintenu par un très faible adhésif. L’emballage selon l’habitude actuelle n’est pas à rendre au fabricant et peut être jeté. Chaque quartier épouse exactement le forme de la denture humaine, ce qui fait qu’une fois sorti de l’emballage on peut l’appuyer entre les dents et en extraire le jus par une légère pression.

D’habitude les quartiers contiennent en plus du jus une petite graine de la plante qui a produit le fruit. Un petit cadeau que la production offre au consommateur pour le cas où celui-ci désirerait avoir une production personnelle de ces objets. Il faut remarquer le désintérêt économique d’une telle idée, et par contre le lien psychologique qui s’établit ainsi entre le consommateur et la production. Personne ou en tout cas très peu de gens commenceront alors à semer des orangers, mais l’offre de ce cadeau hautement altruiste, l’idée de pouvoir le faire, libère le consommateur du complexe de castration et établit un rapport de confiance autonome et réciproque.

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L’orange est donc un objet presque parfait où l’on retrouve l’absolue cohérence entre la forme, la fonction et la consommation. Seule concession décorative si l’on peut dire : la recherche de la matière à la surface de l’emballage, traitée en « épluchures d’orange » peut-être pour rappeler le pulpe à l’intérieur des containers. De toute façon, c’est un minimum de décoration parfaitement justifié, il faut bien le reconnaître.

LE DESSING « NATUREL »
L’orange

Ce remarquable texte du Designer Bruno MUNARI souligne la problématique du design dans son sens le plus large :

L’objet orange, création « naturelle », y est analysé (rapports forme/fonction, valeur d’usage/valeur esthétique) dans sa relation avec l’homme, principal acteur de l’acte de consommation. Cette vision anthropomorphique ne doit pas faire oublier que l’objet « orange », en fait organique biologique, a sa propre rationalité dans un environnement naturel d’où l’homme pourrait  fort bien être absent. Le problème se pose alors de savoir si, dans une telle hypothèse, le rapport forme/fonction de l’orange est effectivement le meilleur en fonction des impératifs de la vie et de reproduction de l’espèce. La diversité des rapports forme/fonction à partir d’une même matière biologique dans le monde des insectes par exemple, doit nous inciter à une certaine prudence dans les attitudes à l’égard d’un fonctionnalisme trop strict.



Par ailleurs l’étude des organismes et systèmes naturels constitue un secteur de recherche dont les conséquences pour le design sont immenses. En effet, les règles de développement des structures biologiques, envisagées sous l’angle de la physique et de la perception permettent, par transposition de résoudre des problèmes posés par l’élaboration de systèmes synthétiques.